Yann Hervis, né le 15 février 1956 à Juvisy-sur-Orge, est un artiste français contemporain, dont les recherches esthétiques, les techniques et le vocabulaire plastique sont multiples : tour à tour marqueteur, dessinateur, graveur, sculpteur, designer, plasticien, avec une créativité toujours renouvelée, il travaille de nombreux matériaux, aussi divers que le bois, le verre, le bronze, l’acier corten, l’inox, la pierre, le papier, dont il explore, librement et d’une manière toute personnelle, les innombrables possibilités, entre formes et couleurs, poésie et modernité, acuité du regard et précision du geste. Il a réalisé également, dans le domaine public, des projets artistiques d’envergure.
Né dans une famille d’ébénistes d’art, il découvre, tout jeune, le travail du bois dans les ateliers de son père (un ancien de l’Ecole Boulle[i]) et se passionne pour ce matériau. Il poursuit sa formation à l’Ecole des beaux-arts d’Orléans, tout en faisant l’Ecole normale, où il a comme professeur de dessin Roger Toulouse qu’il considère comme son maître[ii]. C’est alors qu’il aborde la marqueterie, l’une des grandes traditions des métiers d’art français, qu’il revisite dans un esprit contemporain.
Passionné par le design, il vient travailler en 1980 aux côtés de son père, au sein de l’entreprise familiale, la maison Haté-Pavard (installée depuis 1900 dans le quartier Saint-Marceau à Orléans[iii]). En 1982, il rencontre l’architecte Jean-Michel Wilmotte, qui fait réaliser par les ateliers Haté-Pavard des pièces uniques, dont le bureau-cylindre destiné à la chambre du président F. Mitterrand à l’Elysée.
En 1983, autre rencontre majeure, celle de la décoratrice Andrée Putman, marraine du design français, qui lui commande un portrait d‘Yves Saint-Laurent réalisé en marqueterie pour le show-room du couturier à Chicago[iv]. Cette œuvre va lancer la carrière du jeune artiste[v], dont les créations sont exposées et primées à New-York, Chicago[vi] (où il partage la vedette avec le designer Phillipe Starck), Los Angeles[vii], Palo Alto[viii] et Paris. En 1989, il participe à plusieurs expositions majeures à Singapour[ix] et au Japon et reçoit ses premières commandes sur le marché asiatique de l’art.
Au cours de la décennie suivante, Yann Hervis continue dans la voie de la marqueterie et du design contemporain, réalisant des commandes prestigieuses – fresques, paravents, pièces uniques de mobilier, portes et tableaux marquetés – entre autres pour les ambassades de France à Tokyo et à Montevideo, le consulat de France à Rio de Janeiro, le Ministère des Affaires étrangères à Paris, les studios d’Hollywood (via la société Modern Props), pour le siège de diverses grandes entreprises, le Musée des Arts décoratifs de Paris et pour de très nombreuses collections particulières[x]. Certaines de ses pièces sont pendant cette période éditées par la Maison Jansen à Paris, ou par la Maison Arcanes.[xi]
Au début des années 2000, l’artiste explore d’autres pistes et développe des techniques originales pour créer ses Palimpsestes[xii] dont il va multiplier les variations. Dès lors en pleine possession de son art, il varie les supports, les matériaux, les outils, pour répondre à des commandes aussi bien privées que publiques, en France comme à l’étranger. Il participe à de nombreuses expositions et remporte plusieurs prix. Il est sociétaire du Salon d’Automne (Grand Palais des Champs-Elysées, Paris) et sociétaire du Salon des Artistes Orléanais (Orléans)[xiii].
[i] 1948, promotion 62, François Hervis, sculpteur – https://www.nicolas-salagnac.com/listes-des-anciens-eleves-et-promotions-de-lecole-boulle/
[ii] Expo Roger Toulouse 2024 : un espace réservé à son élève Yann Hervis. https://www.magcentre.fr/311944-roger-toulouse-a-orleans-derniere-semaine-pour-explorer-sa-vaste-palette-kaleidoscopique/
https://www.orleans.fr/actualites/detail/exposition-roger-toulouse
[iii] Au 22 rue de la Cigogne, 45100 Orléans. La maison Haté-Pavard fermera en 1995. Voir Du dessinateur au designer, une histoire de famille. Chronique d’Anne-Marie Royer-Pantin, Magazine Loiret Eco, février-mars 2014.
[iv] Article dans House and Garden, vol. 156, p.198, february 1984, New-York
Article dans l’Express, N° 1695-1703, 1984, page 79
[v] « World-renowned artist has transformed the centuries-old French tradition of marquetry into a gutsy, avant garde art form » Sophie Kho, Home and Decor, february 1984
[vi] First Prize Art object section – Neocon Chicago 1987 : table basse marquetée Alexander, éd. Interna Design
[vii] Galerie Modern Props, Los Angeles, 1988
[viii] Galerie Internationale Palo Alto, 2001
[ix] « The traditional art of marquetry has been given a new lease of life in the hands of Yann Hervis »
Susan Tsang, The Straits Time, Singapour, 28 septembre 1989
[x] Plusieurs de ces œuvres sont visibles sur le site de l’artiste https://yann-hervis.odexpo.com/
[xi] C’est aussi à cette époque (1989) qu’il réalise pour le grand couturier Roberto Fabris le mobilier de ses boutiques
[xii] Palimpsestes, images et imaginaires. Article d’Anne-Marie Royer-Pantin, Catalogue de la 4e Biennale des Artistes indépendants de la Région Centre. 2000